Glossaire
La laque est préparée à partir du suc du laquier. Au Japon, il s'agit du laquier urushi. On extrait très peu de suc d'un laquier, et il s'agit donc d'une ressource rare.
Sa préparation est délicate (température, humidité) et demande une grande expérience. Cela prend jusqu'à 5 ans de préparation et de repos entre le moment où le suc est prélevé sur le laquier et celui où elle sera prête pour l'emploi. Selon la couleur souhaitée, elle est soit laissée pure, soit mélangée à des pigments naturels (minéraux, végétaux ou animaux).
Son application également requiert une grande expérience et de la patience. Selon les finitions (laque essuyée ou laque brillante), jusqu'à 10 couches peuvent être nécessaires à l'artisan pour obtenir une surface totalement plane et brillante, avec des périodes de séchage et un important travail de ponçage à la main (le plus souvent avec un petit bout de charbon) entre chaque couche. Dans le cas de nos tansu, jusqu'à 4 mois de travail peuvent être nécessaires.
La laque peut être utilisée sur tout type de support (bois, métal, porcelaine). Au Japon, les objets les plus fréquemment laqués sont les ustensiles de cuisine réservés aux cérémonies, les objets décoratifs (vases, etc.) les instruments de musique, les manches des katana (sabres), les armures de samurai, les tansu et leurs ferrures.
Extrêmement durable, on retrouve des objets plusieurs fois millénaires, qui ont été protégés par la laque urushi.
Traditionnellement, au Japon, la laque a été utilisée pour de nombreuses fonctions : revêtement de finition, étanchéité, colle. Mais du fait de son coût, elle est désormais réservée au revêtement d'objets précieux.
La laque étant d'origine naturelle, elle va atteindre une dureté suffisante après quelques jours, mais mettre plusieurs années avant d'atteindre sa dureté maximale. Elle va également changer de couleur dans le temps (généralement foncer) en fonction de son exposition à la lumière. On reconnaît entre autre un amateur de tansu au fait qu'il vérifiera la couleur de la laque d'origine, qui n'a pas été exposé à la lumière, à l'intérieur de la porte du coffre.
La rareté de la matière première, le temps requis pour la préparation de la laque et son application, expliquent pourquoi les objets en véritable laque traditionnelle japonaise sont chers. Il existe beaucoup d'imitation de la laque, dont le baume de cajou est certainement la plus aboutie. Beaucoup de fabricant ou de commerçants peu scrupuleux omettent de dire à leurs clients qu'ils n'utilisent pas la laque traditionnelle japonaise alors qu'ils en chargent le prix.
La laque est un art très répandu dans toute l'Asie (notamment en Chine, au Vietnam, au Cambodge, en Thailande). Il est cependant reconnu que la laque japonaise urushi est de qualité supérieure, non seulement la qualité de la matière première (le suc du laquier urushi), mais également la technique d'application et de ponçage des artisans japonais, qui donne une planéité et une brillance parfaites, inégalées dans les autres pays.